jeudi 20 décembre 2012

Certaines n'avaient jamais vu la mer

 Julie OTSUKA


"Sur le bateau nous ne pouvions imaginer qu'en voyant notre mari pour la première fois, nous n'aurions aucune idée de qui il était. [...] Que les portraits envoyés dans les enveloppes dataient de vingt ans. Que les lettres qu'ils nous avaient adressées avaient été rédigées par d'autres [...]. Nous voilà en Amérique, nous dirions-nous, il n'y a pas à s'inquiéter. Et nous aurions tort."

Au début du XXème siècle, des Japonaises embarquent sur un bateau en destination des Etats-Unis pour épouser des hommes installés là-bas qu'elles ne connaissent pas. Elles racontent leur périple, leur désespoir d'avoir quitté leur famille au Japon pour une vie aux Etats-Unis bien loin de l'idéal rêvé. Certaines connaîtront la dureté du travail dans les champs, d'autres le statut de domestique ; mais toutes éprouveront le rejet des Américains, la souffrance de la trahison et de la conspiration, et l'oubli après la guerre.

Construit autour du "Nous", ce roman, Prix Fémina étranger 2012, est une complainte contre un moment d'Histoire ignorée. C'est aussi un texte franc, sans tournures de style, rendant compte de la dureté de leur situation.

Des mots empreints de dignité, de poésie qui vous plongent dans le rude quotidien des immigrés.

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